Questions d'environnement
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La France s'est fixé un objectif ambitieux : faire des Jeux olympiques de 2024 les plus écologiques jamais organisés, notamment en divisant par deux leur empreinte carbone par rapport aux jeux de Londres et de Rio. Pour y arriver, de gros efforts ont été consentis sur les bâtiments nécessaires à l'accueil des quelque 15000 athlètes et des millions de visiteurs.
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L’organisation d’un méga-évènement, comme les Jeux olympiques, représente un impact carbone important:les jeux de Londres en 2012 avaient ainsi émis 3,4 millions de tonnes de CO2 et ceux de Rio en 2016 3,6 millions de tonnes de CO2. Dès la présentation du projet de Paris 2024, les organisateurs avaient placé la barre très haut, en promettant de diviser par deux l’empreinte carbone des Jeux olympiques dans la capitale française, dont le total ne devrait pas dépasser les 1,58million de tonnes de CO2.
Pour l’organisation des Jeux olympiques, les constructions nécessaires à l’accueil des athlètes et du public représentent généralement un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Cela est dû notamment au ciment, contenu dans le béton. Par la chimie utilisée pour sa fabrication, la production de ciment émet 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il était donc logique que pour les JO de Paris, la devise des organisateurs étaitde construire le moins possible.
95% des infrastructures des JO de Paris existent déjà ou seront éphémères
«Nous pouvons utiliser des sites existants, comme le Stade de France, ou utiliser des sites éphémères, comme le stade que nous allons construire au pied de la tour Eiffel et qui pourra accueillir 15000 personnes», explique la directrice environnementale de Paris 2024, Georgina Grenon. «Et pour les bâtiments restants, nous les avons construits bas-carbone. Leur impact carbone est 30% moins important que celui d’une construction actuelle française».
Seules trois constructions d'envergure sont sorties de terre:le village olympique, le Centre aquatique et l'Arena qui accueillera des épreuves comme le badminton ou la gymnastique rythmique. Chacune de ces structures aura une vie après les jeux. Pour baisser l'empreinte carbone de ces immenses chantiers, l'accent a été mis sur le choix des matériaux. Les sièges de spectateurs dans l’Arena ont par exemple été fabriqués en plastique recyclé.
Dans le village olympique, «nous avons utilisé beaucoup de bois, pas loin de 15000 m³, pour la construction de la structure des immeubles. Le bois vient principalement de France et sinon d’autres pays européens pour limiter les trajets de transport», explique Henri Specht, directeur du village olympique et paralympique à la Solideo, la société chargée des ouvrages olympiques pour Paris 2024. «Et l’utilisation de la voie fluviale avec des barges sur la Seine pour le transport des matériaux nous a également permis de réduire le poids carbone. Nous avons aussi optimisé l’organisation logistique et industriel du chantier. Les centrales à béton, qui habituellement se trouvent loin des chantiers, ont été situées sur le site lui-même».
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Du choix des matériaux de construction à l’optimisation des chantiers
L’aménageur des ouvrages olympiques a eu recours au «béton bas-carbone», souligne encore Henri Specht. «C'est un matériau dans lequel on remplace le liant classique par un autre liant beaucoup moins énergivore. Ça sèche moins vite. Mais cette problématique liée au séchage a été intégrée dans la conduite du chantier du village olympique. C'est vraiment de l'anticipation, de la planification et de la méthodologie qui ont été les clés du succès sur la conduite du chantier du village olympique».
Les experts indépendants saluent globalement la démarche écologique des JO de Paris, et notamment les constructions bas-carbone. «L’ambition de baisser les émissions liées aux Jeux olympiques est une bonne ambition», constate ainsi Guillaume Kerlero de Rosbo. Mais ce directeur d’études sur la transition écologique à l’Institut Rousseau et co-fondateur du Collectif Éclaircies estime que, face à l’urgence climatique, «ces efforts sont encore insuffisants. Le gros éléphant dans la pièce, c'est la question des transports, et notamment le transport international. Puisque des dizaines de milliers de personnes viennent des quatre coins du monde en avion pour assister aux épreuves sportifs».
Comment rendre les JO du futur compatibles avec l'Accord de Paris ?
Pour être compatibles avec l’Accord de Paris, il faudrait aller plus loin de ce qui est fait aujourd’hui, souligne encore Guillaume Kerlero de Rosbo:«Aucune édition des JO ne pourra réellement être durable sans revoir en profondeur le modèle et notamment le nombre de spectateurs de ces évènements. Parce que c'est bien le nombre de spectateurs qui détermine la taille des infrastructures, le nombre de repas servis et surtout le nombre de trajets internationaux en avion».
Les idées pour y arriver ne manquent pas. Les JO du futur pourraient par exemple s’organiser dans plusieurs pays différents en même temps, avec une épreuve par pays. L’installation d’un nouveau genre de fan zones permettraient de vibrer à distance durant les épreuves et de communier avec les autres dans une ambiance festive, sans pour autant prendre l'avion et donc, sans aggraver la crise climatique.
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